Les bénéfices secondaires d’un virage vert

Par Josée

Nul besoin de vous brosser le portrait des enjeux climatiques. Les préoccupations environnementales sont grandissantes et plusieurs entreprises ont entamé un virage vert. Différentes raisons motivent ces changements comme le souligne le Ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec dans une publication de 2016. Une étude réalisée auprès de 330 entreprises québécoises à l’aide de La Boussole de la durabilité, conçue par le Laboratoire de recherche sur le développement durable en contexte de PME, permet de mieux comprendre les motivations des entrepreneurs. Parmi les proactifs, se trouvent des militants (16,7%) pour qui les enjeux environnementaux sont au cœur de leurs préoccupations et les stratégiques (31,8%) qui perçoivent ces enjeux comme une opportunité de développement économique. De l’autre côté de l’axe, il y a les traditionalistes (21,2%) qui voient davantage ces changements comme étant des dépenses à court et moyen termes plutôt que des investissements sur le long terme. Pour eux, leurs actions se situent davantage dans le mimétisme des entreprises rivales afin de rester concurrentielles. Les réactifs (30,7%), quant à eux, le font par obligations (légales ou réglementaires) ou à la suite de demandes de clients ou partenaires d’affaires.

Quel que soit votre profil entrepreneurial, vos motivations et les actions que vous avez entreprises à ce jour, il importe de se questionner sur l’ensemble des retombées secondaires de tels changements.

Je vous invite à la lecture du document Le développement durable au profit de la performance rédigé par le Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec (MEIE) qui mentionne les bénéfices suivants : accès au financement et obtention de capital, réduction des coûts de fonctionnement et d’exploitation des ressources, consolidation et développement de marchés, attraction et rétention de la main-d’œuvre, maximisation de la productivité, innovation et apprentissage, fidélisation de la clientèle et amélioration de la gestion des risques (p. 6 à 12).

En 2014, le MEIE s’est aussi intéressé aux bénéfices perçus dans une étude réalisée auprès de 77 PME ayant amorcé une démarche de développement durable. Les bénéfices à court et moyen termes perçus par ces gestionnaires sont les suivants : génère une image plus positive de l’organisation, favorise l’acceptabilité sociale des activités de l’entreprise, améliore le climat de travail et la motivation des employés, favorise l’implantation d’une culture d’apprentissage et d’innovation, améliore la planification stratégique, améliore les relations avec les parties prenantes, réduction des quantités de déchets, attraction et rétention de la main-d’œuvre, réduction de la consommation de ressources, amélioration de la gestion des risques et des crises, amélioration de la productivité, réduction des coûts de fonctionnement et d’exploitation ainsi que la différenciation de produits (p.19).

Se démarquer de la concurrence (ou du moins, être en mesure de suivre le pas) n’attire pas seulement de nouveaux clients, mais aussi de la main-d’œuvre. En cette période de rareté, la démonstration de vos valeurs environnementales peut s’avérer bien utile en plus de fidéliser les employés actuels.

Attrait de la main d’œuvre

Avec les offres d’emploi qui se multiplient et les entreprises qui s’arrachent la main d’œuvre, les chercheurs d’emploi se permettent de réfléchir devant les choix qui s’offrent à eux. Devant autant de choix, les travailleurs recherchent maintenant bien plus qu’un salaire ou un horaire convenable; ils s’intéressent également aux valeurs des entreprises. Strandberg (2009) a recensé plusieurs études sur le sujet qui démontrent qu’une très grande majorité des employés, chercheurs d’emploi et étudiants désirent travailler dans des entreprises engagées socialement et considèrent la réputation sociale et environnementale dans leur choix. Les entreprises écoresponsables seraient donc en mesure d’attirer les candidats les mieux qualifiés pour le poste. Selon cette chercheuse, il semblerait que ces affirmations soient encore plus vraies lorsqu’il est question de jeunes travailleurs ou d’étudiants qui sont davantage préoccupés par les enjeux sociaux et environnementaux que le salaire.

Même si l’environnement ne figure pas toujours en tête de lice comme critère de choix, l’écoresponsabilisation d’une entreprise laisse tout de même sous-entendre un désir d’innovation et montre que celle-ci est en constante évolution. Quoi de mieux qu’un exemple concret? Avec le vent dans les voiles, deux commerçants de Sherbrooke de vente de produits en vrac (Le Silo et l’Écolo Boutique) ont ouvert une deuxième succursale dans le but de répondre à la demande grandissante des consommateurs. En entrevue avec Jasmine Rondeau du journal La Tribune (article paru le 8 mars 2020), les propriétaires de ces deux commerces de détail ont affirmé n’avoir eu aucune difficulté à recruter de la main-d’œuvre. Alors que le commerce de détail dans la région souffre de la pénurie de main-d’œuvre, le Silo a reçu une cinquantaine de candidatures et L’Écolo Boutique plus de 150. Le propriétaire de l’Écolo Boutique, M. Bolduc, est d’avis que les travailleurs accordent une importance de plus en plus grande pour la mission de l’entreprise. « On a embauché des gens qui étaient dans différents types de commerces, mais qui travaillaient contre leurs valeurs, conclut-il. Il y avait par exemple des produits qu’ils n’avaient pas envie de vendre. » (M. Bolduc, La Tribune, 8 mars 2020).

​Rétention de la main-d’œuvre

Des employés qui adhèrent aux valeurs de l’entreprise sont plus engagés et productifs. Strandberg (2009) démontre effectivement que cette réalité est bien documentée en citant plusieurs études de rentabilité. Il est reconnu que le fait de mobiliser ses employés autour d’un projet commun contribue à augmenter le sentiment d’appartenance et donc, la loyauté envers l’entreprise. Vous n’avez qu’à penser aux comités sociaux mis en place dans plusieurs entreprises. Cela dit, inclure les employés dans le changement semble une idée prometteuse. Pourquoi ne pas créer un comité vert où chacun aurait des missions? Réduction des ressources utilisées à la source, revalorisation des déchets, évaluation des produits verts disponibles, diminution des gaz à effet de serre ne sont que des exemples. La clinique dentaire dont je suis cliente a instauré ce principe, alors qu’une hygiéniste était en charge d’évaluer les possibilités de recyclage des gants, un autre évaluait les soies dentaires dites compostables, des dentistes ont fait le tour des études portant sur les dentifrices naturels et ont évalué les brosses à dents à manche compostable, etc.

En plus d’avoir un impact positif sur leur sentiment d’appartenance, des employés engagés dans le processus seront certainement moins réfractaires aux changements. Alors, quoi de mieux pour modifier de vieilles habitudes?

RÉFÉRENCES :

  • Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (2016) Inciter les entreprises à prendre le virage du développement durable : Défis et enjeux à l’horizon 2020. Consulter le document. Document consulté le 6 mars 2020.
  • Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec. Le développement durable au profit de la performance. Consulter le document. Document consulté le 6 mars 2020.
  • Strandberg, C. (2009) Le rôle de la gestion des ressources humaines dans la responsabilité sociale d’entreprise. https://www.ic.gc.ca/. Document consulté le 9 mars 2020.
  • Rondeau, J. (2020) Double offre écolo dans Rock Forest. Journal La Tribune. http://www.latribune.ca. Consulté le 9 mars 2020

Suivez-nous sur Facebook

Articles aléatoires